Fermant le golfe de Valinco, la pointe de Campomoro est couronnée par une tour génoise dont l’enceinte à la Vaubon est en très bon état de conservation. Cette pointe est l’extrémité ouest d’une belle anse en forme de demi-cercle parfait : lo marine de Compomoro. Elle aurait servi de bose aux Borbaresques, d’où son nom de « Camp des Maures ». Le village de Compomoro, en impasse au bout de lo D 121, est précédé par un charmant hameau de montagne, Belvédère, qui domine de façon magistrale le golfe de Valinco ef constitue un carrefour entre Propriano, Grosso et la marine. Ajoutent au charme du lieu, un peuplement d’arbres très divers (chênes verts, figuiers, oliviers et peupliers) font un écrin frais et ombragé ou hameau. La route en corniche se double, entre Belvédère et Campomoro, d’un sentier bordé de murs, envahi por le maquis et coupé à plusieurs reprises par la départementale. En amont de Belvédère, une piste permet, depuis la D 21, d’atteindre la Punta di Falum-baja, une belle pointe rocheuse qui plonge dans la mer et abrite une petite cola de golets. On passe auparavant par le « castello di Falum-bajo », témoin de l’occupation du site au néolithique. Une fontaine très émouvante, typique de la culture agraire régionale, se situe en contrebas du hameau. On y accède grâce à une stretta qui dessert en outre les ruines des jardins en terrasses envahies par des chênes verts. De même, une fontaine moçonnée et ombragée par un bois d’eucalyptus accueille le visiteur à Campomoro. Ce vestige d’une vie rude est relativement peu ancien. En effet, Campomoro, en dépit de son image récente de lieu de vacances paradisiaque pris d’assaut par les vacanciers en été, regroupait une communauté de pêcheurs de langoustes. Très pauvres, ils dévoient se contenter de la plage et de son cordon dunaire, faute de jouir des « terres communes » accaparées par les seigneurs locaux, les Durazzo de Foz-zano. Ceux-ci ne possédaient pas moins de 2 000 ha de terres à Campomoro. Ceci illustre d’ailleurs assez bien le régime de propriété des terres en Corse du sud, lo « terra dei signori ». Le capitaine Durazzo, qui avait acquis une terre à Campomoro en 1 568, put vraisemblablement agrandir son domaine à lo faveur de sa charge de capitaine d’un bataillon génois. Par la suite, les cultivateurs et les bergers étrangers, s’ils étaient admis à travailler sur ces terres, ne pouvaient en devenir propriétaires car elles restaient en indivision, malgré les vendette qui ne cessaient de les déchirer entre les sept familles descendant des Durazzo. Quoiqu’il en soit, les témoignages de la mise en valeur agricole des terres de Belvédère et de Campomoro sont légion, que ce soit autour de la marine ou sur le plateau de Capu di Locu, véritable toit du vil-loge où se dressent un coffre mégalithique dénommé A Tola et un « stantari ». Terrasses, aires à blé (ou « ajas »), murs d’enclos, bergeries et fontaines sont éparpillés au milieu du maquis et sur les reliefs qui s’échelonnent jusqu’à la Punta di Cucari (402 m) dont l’étrange forme découpée dons le granit évoque la silhouette d’un animal préhistorique. Ce sommet surplombe la faille du ruisseau de Conale séparant le territoire de Belvédère-Cam-pomoro de celui de Grosso et de Sar-tène. Quelques sentiers relient Campomoro à son domaine agricole qui a été prospère jusqu’à la fin du XIXe siècle, période à partir de laquelle les céréales et l’huile ont été fortement concurrencées par les productions d’autres régions. Lo vigne et les orbres fruitiers ont progressivement pris le relais pour être abandonnés après la Seconde Guerre mondiale. Mais c’est surtout la magnifique côte rocheuse, de Portigliolo jusqu’à Punta d’Eccica (à l’extrême sud de la commune), qui retient l’attention des visiteurs. Si une bonne partie du site qui s’étend entre Belvédère et la marine est classé au titre des sites depuis 1988, le Conservatoire du Littoral a réussi à acquérir un immense domoine totalisant avec les communes voisines de Grosso et de Sartène une surface de plus de 2 000 ha, et a de la sorte rendu au public un espace longtemps confisqué par une puissance privée. La tour léguée au Conservatoire par la famille de l’écrivain Michel Lorenzi diBrodi (1865-1945) a pu être restaurée et un sentier très agréable a été tracé autour de l’enceinte, offrant des vues inattendues sur la marine. Le long du littoral, entre la Punta di Campomoro et lo cola d’Aguglia, une sente se faufile dans le maquis, et permet de découvrir de beaux chaos rocheux érodés en « taffoni » oinsi que des buissons brossés par le vent. Des animaux en liberté (vaches, chèvres et chevoux) descendent sur le littoral, attirés par les pelouses qui s’étendent sur de vostes plotes-formes ou pied du mossif parallèle ou rivage. C’est lo mer qui a formé tes insolites plages de galets perchées, sortes de trottoirs juchés au-dessus du niveau actuel. La côte très découpée dont les pointes s’effritent en de nombreux îlots, n’offre pas de refuge pour les plaisanciers qui doivent attendre la Cala di Conco, plus au sud, pour s’abriter.