De la garance voyageuse qui s’accroche aux vêtements des promeneurs aux buissons odorants des myrtes fleurant bon le citron, le maquis corse recèle un éventail végétal riche et dense, qu’il est parfois difficile de franchir. Les parfums tenaces et enivrants du maquis sont dominés par celui, musqué, de l’immortelle d’Itolie qui permettra à Napoléon de reconnaître son île bien avant de l’accoster. Elle est d’ailleurs utilisée dans la vie quotidienne pour ses propriétés odoriférantes. De même, les cistes dont il existe trois variétés dans le maquis, en sont les véritables rois en ce qui concerne l’intensité de l’odeur. Au printemps, certains d’entre eux déposent un jus semblable à la salive sur les mollets de l’aventurier qui les traversent. Le thym corse et le romarin, plantes aromatiques essentielles aux sauces et oux soupes composent le « sous-étage » du maquis et libèrent leurs senteurs sous les pas des promeneurs. Leur qualité désinfectante sert également au traitement de la fièvre typhoïde. La menthe corse, qui pousse dans les petits vallons frais, fait partie de ces herbes dont l’odeur procure tout à la fois plaisir et soulagement médical.
Véritable refuge pour les animaux du maquis, l’arbousier accompagne en général le ciste et la bruyère. Son beou feuillage vert foncé et vernissé sert d’écrin en automne à de jolies baies rouges et rondes, hérissées de petites pointes. Les animaux sauvages s’en nourissent ! Cueillies bien mûres, elles sont utilisées à la confection d’eau-de-vie et de confitures. Le bois d’arbousier fournira d’outre part durant quelques siècles un charbon de bonne qualité. Compagnon du myrte, le gris pistachier lentisque apprécie les surfaces empierrées. Ses propriétés désinfectantes permettent la purification des tonneaux, la confection de colliers « anti-maladies » pour les chiens de même que les fumigutions pour le rhume… Mais il a aussi longtemps servi de bois de chauffage, comme l’arbousier.