Peuple d’agriculteurs et de bergers, les Corses surent admirablement aménager leurs montagnes pour les rendre fertiles. Des kilomètres de murs de pierres sèches sillonnent l’île. Ils soutiennent les terrasses, bordent les chemins ou clôturent les parcelles. Afin d’obtenir des surfaces planes (il est bon de rappeler que l’utilisation des plaines côtières est récente), les cultivateurs remodelèrent les collines et les montognes en construisant des séries de gradins qui, de nos l’ours, sont retournés au moquis. Parfois minuscules, ces banquettes permirent la culture des céréales (que l’on moissonnait à la faucille), lo plantation d’arbres fruitiers et de vignes ou encore, le jardinage. Les « strette » sont des chemins bordés de murs ayont pour fonction de canaliser les troupeaux dans leurs déplacements et de les isoler des parcelles cultivées et des pâtures d’autrui. Malheureusement, trop peu de ces « voies royales » sont aujourd’hui restaurées pour offrir au promeneur une randonnée agréable. Il est cependant stupéfiant de constater à quel point, dans certains lieux, les propriétaires terriens investissent dans ces ouvrages considérables que sont les murs d’enclos. On dit que, depuis le xixe siècle, des maçons italiens auraient eu pour tâche d’entretenir ces milliers de murs. Les murs de ces trois types de constructions sont constitués de la façon suivante : deux rangées de belles pierres ajustées entre elles pour l’extérieur du mur, un remplissage en « tout-venant » et un lourd couronnement de pierres plates pour consolider le tout. Pour ceux qui oseront s’aventurer dans le maquis, la récompense est garantie : la contemplation de ces murailles qui sculptent le paysage et semblent s’en jouer, vout la plus délicieuse des baignades.