3 novembre 2024

Strette, murs d'enclos et autres terrasses

Peuple d’agriculteurs et de bergers, les Corses surent admi­rablement aménager leurs mon­tagnes pour les rendre fertiles. Des kilomètres de murs de pierres sèches sillonnent l’île. Ils soutiennent les terrasses, bor­dent les chemins ou clôturent les parcelles. Afin d’obtenir des sur­faces planes (il est bon de rap­peler que l’utilisation des plaines côtières est récente), les cultiva­teurs remodelèrent les collines et les montognes en construisant des séries de gradins qui, de nos l’ours, sont retournés au moquis. Parfois minuscules, ces ban­quettes permirent la culture des céréales (que l’on moissonnait à la faucille), lo plantation d’arbres fruitiers et de vignes ou encore, le jardinage. Les « strette » sont des chemins bordés de murs ayont pour fonc­tion de canaliser les troupeaux dans leurs déplacements et de les isoler des parcelles cultivées et des pâtures d’autrui. Malheu­reusement, trop peu de ces « voies royales » sont aujourd’hui restaurées pour offrir au prome­neur une randonnée agréable. Il est cependant stupéfiant de constater à quel point, dans cer­tains lieux, les propriétaires ter­riens investissent dans ces ouvrages considérables que sont les murs d’enclos. On dit que, depuis le xixe siècle, des maçons italiens auraient eu pour tâche d’entretenir ces milliers de murs. Les murs de ces trois types de constructions sont constitués de la façon suivante : deux rangées de belles pierres ajustées entre elles pour l’extérieur du mur, un remplissage en « tout-venant » et un lourd couronnement de pierres plates pour consolider le tout. Pour ceux qui oseront s’aventurer dans le maquis, la récompense est garantie : la contemplation de ces murailles qui sculptent le paysage et sem­blent s’en jouer, vout la plus délicieuse des baignades.