La châtaigne était, jusqu’à une époque récente, lo base de l’alimentation des familles corses. Consommées grillées (ou « fosgiole ») dans une poêle à fond perforé (« testa ») en terre ou en métal ou bouillies dans de l’eau salée, les châtaignes servoient de desserf, le midi. Afin de les éplucher, on pouvait en ôter la première peou (lezino) puis les ébouillanter de façon à ce que la deuxième peau s’enlève facilement. Le soir, une bouillie liquide et brûlante de farine de châtaignes (« i brilluli »), pouvait remplacer lo soupe, en mélange avec du lait froid. Mais le meilleur des plats préparé à base de châtaignes, restait encore lo « polenta ». Le touillage de la farine de châtaigne, délayée peu à peu dans de l’eau d’un chaudron posé sur le feu, nécessitait une belle force musculaire puisque la préparation s’épaississait rapidement. Celle-ci était cuite lorsqu’une grosse bulle en crevait la surface. On répondait alors lo bouillie sur un torchon saupoudré de farine et on lo roulait en boule. Découpée en tronches, à l’aide d’un fil, la délicieuse polenta pouvait accompagner le fromage ou la « figatellu », ou encore être dégustée seule comme un gâteau. Les tranches étaient ensuite réchauffées pour les repas ultérieurs. La farine étoit obtenue, après séchage et décorticage, grâce aux moulins à châtaignes. Afin d’obtenir les fruits nus (castogna bionca), des sacs de toile emplis de châtaignes sèches étaient battus sur des billots de telle manière que la lezina tombât en s’effritant.