Quatre types de chants accompagnent les Corses dons leur existence quotidienne : le chant de la moisson « A Tribbieraa », le chant polyphonique des veillées « A paghella », le chant improvisé ainsi que les chants funèbres « U lamentu » et « U voceru ». Le premier, entonné lors du battage des céréales dans les ajos (aires à blé) suit le rythme du bouvier qui fait lentement tourner ses bœufs durant plusieurs heures. A paghiella suppose la réunion de trois hauteurs de voix d’hommes : lo principale ou « segunda » dessine la mélodie tandis que la « terza » (aiguë) brode des ornementations et que le « bassu » (grave) stabilise le trio. Les interprètes doivent entretenir une grande connaissance les uns des autres pour que leurs chants soient réussis. Quand au chant improvisé, il accorde une grande importance au texte, souvent versifié, comme dans les « chjam’e ris-pondi » durant lesquels des personnages se répondent à propos du sujets quotidiens, poétiques ou même politiques. C’est dans cette veine que les chants électoraux qui fleuriront sous lo llème République (chontés généralement par des femmes) s’inscrivent : satire sociale et politique, ils mêlent les moqueries à des réflexions plus profondes. Les Corses accompagnent leurs morts dans l’au-delà avec des chonts : « U voceru », chanté par des femmes permet de ritualiser lo douleur de la perte du défunt tandis que « U lamentu », chargé de décrire les actions de celui-ci est beaucoup plus calme. C’est à Calvi que l’on peut entendre ces chants lors des Rencontres polyphoniques.